Suriname face à l'histoire : dernière journée explosive pour la CONCACAF avant le Mondial 2026
- par Gabin Leroux
- nov., 20 2025
À quatre-vingt-dix minutes près, l’histoire du football caraïbe et centro-américain va s’écrire. Ce jeudi 20 novembre 2025, la CONCACAF vit l’une de ses dernières journées les plus tendues de son histoire, avec un seul match à jouer pour décider du sort de nations qui n’ont jamais foulé une Coupe du monde. Le Suriname, entraîné par Stanley Menzo, est à un souffle de sa première qualification directe. Le Guatemala, lui, n’a plus rien à perdre… mais tout à faire pour gâcher ce rêve surinamais.
Le Suriname, un pays qui ose croire
Le 9 octobre, à Paramaribo, le Suriname a écrit une page inédite en battant El Salvador 4-0. Tjaronn Chery a transformé un penalty, Richonell Margaret a doublé la mise, et Dhoraso Klas a scellé le destin. Depuis, le pays a tenu bon. Trois points seulement séparent les Surinamais du troisième et dernier billet direct — celui que détient actuellement le Panama. Mais ce n’est pas le Panama qui les inquiète. C’est le Guatemala, éliminé, qui pourrait tout faire exploser. Une victoire sur le terrain de Guatemala ferait du Suriname la première nation de l’Amérique du Sud caraïbe à se qualifier directement pour un Mondial. Pour une population de moins de 600 000 habitants, c’est plus qu’un exploit sportif. C’est une rédemption.Panama : un nul qui fait mal
Le Panama, sous la direction de Thomas Christiansen, a vécu une semaine à la fois euphorique et angoissante. Le 16 novembre, au Stade Rommel Fernández, ils ont obtenu un nul 1-1 contre le Honduras, une performance décrite par les médias locaux comme « une course à l’erreur adverse ». Leur qualification directe est officielle depuis le 19 novembre, mais ce n’est pas une victoire. C’est une survie. Ils ont eu besoin d’un doublé de la légende Cecilio Waterman contre le Guatemala pour rester en tête. Maintenant, ils affrontent un El Salvador démobilisé, presque déjà en vacances. Leur match est une formalité. Mais pour les Surinamais, c’est une menace : si le Panama gagne, ils doivent gagner. Et s’ils perdent ? Le rêve s’effondre.Les barrages : une porte dérobée vers la gloire
Même si le Suriname échoue, il ne tombe pas dans l’ombre. Il rejoint la Jamaïque dans les barrages intercontinentaux de mars 2026. Six équipes sont en lice : les deux de la CONCACAF, la Bolivie (Conmebol), l’Irak (AFC), les Émirats arabes unis (AFC), et la Nouvelle-Calédonie (OFC). Le format est brutal : deux groupes de trois, demi-finales à élimination directe, puis finales. Un seul but peut vous propulser au Mondial. Pour la Jamaïque, c’est une seconde chance après un nul décevant contre le Honduras. Pour le Suriname, c’est une sécurité. Pour la Bolivie, c’est une ultime chance de retrouver le Mondial après 2014. Et pour la Nouvelle-Calédonie ? C’est l’occasion de faire trembler le monde du football.Haïti : le retour des Grenadiers
Le Haïti a déjà décroché son billet. Le 19 novembre, après un nul 1-1 contre le Nicaragua, ils ont confirmé leur place en tant que troisième qualifié direct. C’est leur première Coupe du monde depuis 1974. Cinquante ans. Une génération de joueurs nés après leur dernière apparition. À Port-au-Prince, les rues ont vibré. Des enfants en maillot de Wilner Nazaire — le buteur de 1974 — ont couru dans les rues. Leur coach, Jean-Jacques Pierre, a dit : « Ce n’est pas un retour. C’est une renaissance. »Le contexte historique : trois hôtes, un nouveau monde
Pour la première fois, la Coupe du monde 2026 accueillera trois pays hôtes : les États-Unis, le Canada et le Mexique. Tous trois qualifiés d’office. Ce qui signifie : moins de places pour les géants traditionnels. Et plus d’opportunités pour les petits. Le Suriname n’est pas un cas isolé. Le Curaçao, autre petite nation, a aussi décroché sa place. Le football de la CONCACAF ne ressemble plus à ce qu’il était. Il y a dix ans, la Jamaïque était une surprise. Aujourd’hui, c’est le Suriname qui pourrait être la révélation.Et si un match était annulé ?
La FIFA a rappelé son règlement : en cas d’annulation — comme celle du match Malawi-Guinée équatoriale du 9 octobre — la victoire sur tapis vert est attribuée à l’équipe adverse. Ce n’est pas une menace, mais une possibilité. Si un joueur du Guatemala se blesse en masse avant le match contre le Suriname, ou si des troubles civils bloquent les déplacements ? Le classement pourrait changer du jour au lendemain. Pour les Surinamais, chaque minute compte. Même celle où le ballon est hors jeu.Frequently Asked Questions
Pourquoi le Suriname pourrait-il se qualifier pour la première fois de son histoire ?
Le Suriname est à trois points du Panama, troisième qualifié direct. Avec une victoire contre le Guatemala, éliminé et démobilisé, il pourrait dépasser la Jamaïque au classement des deuxièmes et accéder directement au Mondial. Ce serait la première fois qu’une nation de la région caribéenne non anglophone atteint cet objectif, brisant un siècle de domination nord-américaine.
Quels sont les enjeux pour la Jamaïque dans les barrages ?
La Jamaïque, qui n’a pas participé à un Mondial depuis 2018, affrontera la Bolivie ou les Émirats arabes unis en demi-finale. Une victoire leur ouvrirait la finale contre une équipe comme la Nouvelle-Calédonie. Leur dernier Mondial, en 2018, a été marqué par une élimination en phase de groupes. Cette fois, ils veulent aller plus loin — et prouver que le football caribéen peut rivaliser avec l’Asie et l’Océanie.
Pourquoi la qualification d’Haïti est-elle si symbolique ?
Haïti n’a participé qu’une seule fois à la Coupe du monde, en 1974, et a été éliminée sans marquer un seul but. Depuis, le pays a connu des crises politiques, économiques et naturelles. Leur retour en 2026, après 50 ans d’absence, est un acte de résilience. Pour les Haïtiens, ce n’est pas seulement un match : c’est une fierté retrouvée.
Comment fonctionnent les barrages intercontinentaux de la CONCACAF ?
Les six équipes (Suriname, Jamaïque, Bolivie, Irak, Émirats arabes unis, Nouvelle-Calédonie) sont réparties en deux groupes de trois. Les deux équipes non tête de série s’affrontent en demi-finale à élimination directe. Les vainqueurs affrontent ensuite les têtes de série en finale. Les deux gagnants de ces finales décrochent les deux dernières places pour le Mondial. Pas de match aller-retour. Un seul coup de pied de coin peut tout changer.
Pourquoi cette édition de la Coupe du monde est-elle différente pour la CONCACAF ?
Pour la première fois, trois pays hôtes (États-Unis, Canada, Mexique) sont automatiquement qualifiés. Cela laisse seulement trois places directes pour douze équipes. Ce qui ouvre la porte à des nations comme le Suriname, le Curaçao ou même le Honduras, habituellement reléguées au second plan. Le football de la zone n’est plus une simple extension du Nord : il devient un acteur à part entière.
Quelle est la chance du Suriname de gagner son match contre le Guatemala ?
Le Guatemala est éliminé, mais il joue à domicile. Le Suriname, lui, a gagné ses deux derniers matchs à l’extérieur. Leur attaque est en forme, avec Chery et Margaret en forme. Le Guatemala a perdu ses cinq derniers matchs à domicile. Les bookmakers donnent le Suriname favori à 58 %. Ce n’est pas une certitude… mais c’est plus qu’un espoir.